27.9.10
Là où me conduisent mes pas...
Il s'agissait d'une manifestation en faveur du mariage homosexuel au Chili... Pays qui recule plus qu'il n'avance lorsqu'il s'agit de sujets controversés du genre... Conservatisme quand tu nous tiens!
J'étais heureuse de me mêler à la foule, chantante, dansante, partageant, échangeant, s'affichant, librement... Un peu de liberté... Que c'est bon!! Mais pour le reste, nous dirons que l'espoir fait vivre... Car le Chili n'est pas l'Argentine, et le Mapocho a encore le temps de couler sous les ponts avant qu'on assiste au premier mariage gay de ce côté-ci de la Cordillère...
Paris et sa Fashion Week...Santiago et sa Frustration Week!
Dimanche 26 septembre 2010
Elle était pourtant un peu plus courte que d'habitude, cette semaine, mais en aucun cas plus allégée en frustrations de toutes sortes!
Et après un fabuleux et zen weekend de 4 jours 1/2 (peut-on encore appeler ça un weekend?), el Pulento (c'est le petit nom que l'on donne à la Force Supérieure de notre Univers, quel(le) qu'il/elle soit) a voulu m'en remettre une petite couche! Pour que surtout je ne continue pas à profiter de la douce félicité de mon séjour valparaisien....
J'ai passé une demi-journée à courir dans Santiago, à braver les chauffeurs de taxi aux carrières de pilotes F1 ratées, à me confronter aux employés de banque qui auraient tout à gagner à passer le concours de fonctionnaires, à la poursuite de quelques EUROS pour un charmant patron un peu trop vintage qui ne croit pas à l'utilisation de ses 15 cartes VISA/MasterCard sur le vieux continent, et préfère partir avec une grosse enveloppe pleine de cash...
Mais qui voyage encore comme ça de nos jours?? Le plastique, c'est bien connu, c'est FANTASTIQUE! J'ai renoncé à user mon énergie pour justifier mon discours...NON à la présentation powerpoint "Platinum vs. Billetus Vulgarus" (quoique j'aurais su le convaincre...)
Bref, plus un seul Euro into town...enfin pour ceux qui s'avouent vaincus au premier rejet...ce ne fut pas mon cas, j'ai remué quelques bureaux de change, secoué quelques costumes, tiré quelques cravates et je ne suis pas rentrée broucouille comme on dit dans le Bouchonnois... mais punaise, que de frustration, de perte de temps, de manque de volonté à faciliter la vie de son prochain...
Un autre petit épisode enrichi en mauvaises ondes, la semaine passée... Twittant frénétiquement je vois passer une sorte de petite info, l'air de rien... La grande chaîne de magasins FALABELLA (sorte de Nouvelles Galeries chiliennes) a remis, en présence et avec la bénédiction du Ministre de l'Education, a des dizaines d'enfants des quartiers les plus défavorisés de Santiago, un iPad...chacun! A des gamins dont les parents n'ont pas de quoi payer l'électricité ET 3 repas par jour... Que l'on m'explique, pourquoi, dans quel monde cela est-il possible sans faire une seule vague? Dans des quartiers où il arrive souvent que le moindre objet de valeur soit vendu pour acheter malheureusement pas uniquement le nécessaire, sinon également le superflu, vendu en bouteilles, en paquets, au gramme...
Fort à parier que l'on retrouvera ces iPads sur le marché parallèle pour un prix défiant toute concurrence dans les semaines à venir... Ca me met en colère, de voir le Ministre Lavin posé fièrement avec quatre petits gamins qui ont entre les mains quelque chose qui ne leur sert à RIEN! Mais alors, qu'est-ce qu'il est content de lui Monsieur le Ministre... Quel grand pas pour l'éducation dans ces quartiers défavorisés vient-il de faire?! Et quel coup de pub puant et vulgaire pour Falabella!
L'incompréhension, la frustration, et même une sorte de colère me nouent le larynx! Et moi de demander à la ronde "n'y a-t-il que moi que cela choque?"
A cette question posée à des Européens, la réponse était bien sûr "effectivement, choquant et incompréhensible". A cette même question posée à des Chiliens "mouais, bof, c'est bien quand même...".
Pincez-moi je rêve!
Encore un exemple? L'ex-Présidente de la République chilienne, Michelle Bachelet, a été nommée à la tête de ONU-Femmes, une structure vouée à la défense des droits de la Femme dans le monde... J'ai appris cette info par des dizaines de journaux internationaux avant d'en entendre parler ici, au Chili, comme il se doit...Ce n'est seulement que le lendemain que quelques minutes furent accordées à l'information, et à Mme Bachelet... Personne n'a évoqué le sujet autour de moi, ni au bureau, ni dans le bus... Si ça ne concerne pas les mineurs coincés au fond du trou, ou les Mapuches, très peu de chance qu'on en parle aux infos...
Ah oui, parlons rapidement des 33 mineurs... Effectivement, ils doivent vivre quelque chose de relativement proche de l'enfer, mais maintenant bien ravitaillés, surveillés, coachés, divertis... Ils ont malgré tout souhaiter reprocher au gouvernement un manque de solidarité...
Otez-moi d'un doute...Est-ce que c'est parce que je suis dans l'hémisphère sud que j'ai l'impression qu'on marche sur la tête ici?
PS: Cela fera 7 mois dans quelques heures que le tremblement de terre du 27 février a eu lieu...laissant des milliers de gens sans toit, sans recours, sans espoir... Et aujourd'hui? qu'en est-il? Pas de nouvelle, bonne nouvelle? Je doute que cette maxime s'applique dans la situation actuelle... Enfin, pourquoi s'inquiéter ou s'énerver? Comme dit mon cher boss, dans un haussement d'épaules empli d'impuissance et de passivité "C'est ça le Chili!"...
16.9.10
6.9.10
Mapuches ? Vous avez dit Mapuches ?
Paru dans le Courrier International - 06092010
Trente-deux Indiens Mapuches en grève de la faim demandent que la loi antiterroriste adoptée sous la dictature de Pinochet ne leur soit plus appliquée Comme d'habitude, leur cause est passée sous silence et mobilise moins que celle des pingouins menacés par un projet de centrale.06.09.2010 | Franco Ferreira* | El Mostrador
© AFP
D'après nos faiseurs d'opinion en ligne, et en particulier sur Twitter, la maigre couverture médiatique du conflit mapuche (notamment la grève de la faim de 32 d'entre eux depuis le 12 juillet dernier) serait liée à la censure et au bâillonnement de l'information. Les théories du complot sont souvent séduisantes, mais dans l'immense majorité des cas – et je suis bien placé pour en parler -, là où le spectateur soupçonne manoeuvres ou censure, il n'y a bien souvent que des facteurs bien plus pragmatiques. Et pour cette raison, j'ose soutenir que le peu d'intérêt des médias pour ces grévistes de la faim est à mettre au compte d'une pratique bien plus affligeante, déplorable et inquiétante qu'une censure préméditée : l'indifférence, tout simplement… Ou autrement dit, et peut-être plus familièrement : la flemme. Le sujet n'est pas vendeur. Le sujet est “inesthétique” et “pas vraiment glamour” : il n'est pas aussi "mignon" que celui des dauphins et des petits pingouins de Punta de Choros [réserve nationale de pingouins au nord-ouest du pays menacée par un projet de centrale thermique].
C'est plus cool de manifester sur le Paseo Ahumada [une des artères principales de Santiago du Chili] pour la défense des pingouins et des dauphins que pour celle des Mapuches. Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est le cortège promapuche, que je ne vois toujours pas défiler dans les rues de la capitale. Pour toutes ces raisons, il n'y a pas lieu de parler d'information muselée ou de complot antimapuche. Il n'en est rien. Cette histoire sans happy end n'intéresse simplement personne, contrairement à celle des mineurs [depuis le 5 août, 33 mineurs sont bloqués dans un puits du nord du pays] ou des pingouins. L'absence de visibilité médiatique des Mapuches ne date pas d'aujourd'hui. Elle est le fruit d'un long processus historique qui a poussé le plus emblématique de nos peuples indigènes à en être réduit à la violence et à l'illégalité. Et ce phénomène est désormais intégré par la société civile aux cheveux les plus clairs et aux noms de famille étrangers, qui ne cherche pas vraiment à le remettre en cause.
Et ce qui est intéressant ici, c'est que le mouvement sur Twitter, qui critique les médias pour leur couverture du conflit mapuche, se comporte en fait de la même manière que ces derniers, et – très probablement – pour les mêmes raisons. Cette masse qui maîtrise les outils de communication et ne connaît pas les contraintes de l'audiovisuel n'a pas non plus fait grand chose hormis dénoncer, en 140 caractères, le silence ou l'indifférence des médias. Leurs phrases sont vigoureuses et leurs discours enflammés, mais, au-delà, rien n'est réellement comparable avec le caractère spectaculaire du mouvement anti-Barrancones [du nom du site choisi pour l'installation d'une centrale thermique]. Je parierais même que cet article comptabiliserait beaucoup plus de clics sur la Toile si la fenêtre affichait "Punta de Choros" au lieu de "Mapuches".Note :Journaliste à Television Nacional de Chile (TVN, chaîne nationale chilienne)