Phnom Penh,
Le 29 septembre 2007
Le 29 septembre 2007
La vie au Cambodge est un long Mékong tranquille… J’ai mis l’entraînement entre parenthèses ces 3 derniers jours, pour la simple et bonne raison qu’en ce moment ont lieu les championnats nationaux de boxe, ici à Phnom Penh et l’évènement rassemble tous les boxeurs amateurs du pays…et ça fait du monde ! En moyenne, une cinquantaine de rencontres par jour…et bien sûr, tous mes copains du club y participent, donc j’ai été désignée comme la photographe/vidéaste/infirmière/supporter n°1…Même si cela veut dire que je me suis farcie 80 combats et qu’il reste encore plus d’une semaine avant les finales…Mais c’est toujours très intéressant à observer. Les parieurs sont aussi présents qu’en Thaïlande, et ils ne rigolent pas…J’ai vu le cas hier soir d’un homme « important » qui avait misé de l’argent sur la victoire en 3 rounds du concurrent bleu, qui certes l’a emportée, mais en 5 rounds. Et bien ce gros monsieur très en colère est allé trouver le boxeur bleu pour lui dire sa façon de penser…Et pas besoin de comprendre le Khmer pour imaginer ce qu’il lui disait…Ca m’a profondément énervée aussi d’ailleurs…le comportement de ce gros crétin qui aurait sûrement bien du mal ne serait-ce que pour monter sur un ring, avec son gros bide…Il se trouvait que le boxeur bleu qui en prenait plein la tronche est un des gars du club, trop gentil, trop intelligent, et le voir se faire insulter après sa victoire pourtant méritée, ça m’a mise un peu hors de moi…Mais bon, ce ne sont pas mes affaires, et puis qu’est-ce que je pourrais bien dire ? les mots en Khmer me manquent, même si je commence à m’améliorer.
Ma journée avait pourtant bien commencé…J’avais décidé d’aller me balader et de laisser mes pas me guider vers la rive du Mékong, le « Riverside », pour potentiellement aller me faire masser une petite heure. A cet endroit de Phnom Penh les restaurants succèdent aux hôtels, les boutiques d’artisanat aux agences de voyage…L’un des endroits de prédilection pour les Occidentaux en quelques sortes…ainsi que pour les « street kids », les enfants qui vivent dans la rue en vendant des livres (et parfois beaucoup plus que des livres). Ces enfants des rues, Paddy, mon coach de boxe, essaye de leur enseigner le respect et une certaine discipline grâce à une initiation quotidienne à l’art martial traditionnel khmer. Il leur apprend à saluer leurs aînés, à écouter ce que leur disent les profs et boxeurs plus expérimentés…Et ils apprennent également à se respecter entre eux, ce qui n’est pas tâche facile quand on les voit se castagner sur les trottoirs… « la loi de la jungle urbaine », je présume.
Bref, ces petits, je les fréquente tous les jours au club, mais je ne les avais jamais vraiment vus à l’extérieur, dans leur environnement quotidien. Et quand je les ai aperçus hier, se chamaillant, et suppliant les touristes de leur acheter leurs livres, ça m’a vraiment fait mal au cœur…Alors j’ai pas trop réfléchi, je suis allée les voir, prendre de leurs nouvelles, ne sachant pas trop s’ils allaient me reconnaître ou pas. Mais il ne faut pas sous-estimer ces enfants-là, qui ont une redoutable mémoire des visages, en particulier. Et une fille blanche qui fait de la boxe avec eux, y’en n’a pas non plus cinquante. Y’en n’a d’ailleurs même pas deux. Bref, ils se sont rapidement accrochés à mon cou, me montrant les shorts que Paddy leur a offerts, ou bien leurs dernières petites cicatrices, suite au dernier entraînement etc. Et finalement, ne sachant pas trop si c’était une bonne idée, je leur ai proposé de les emmener voir les championnats de boxe. Sans grande surprise, ils n’ont pas accepté…Il faut vendre des livres, ramener de l’argent…Seul le plus petit et le plus jeune de la bande (en photo à l’entraînement avec Richie plus bas) a sauté sur l’occasion. Ce gamin doit avoir 8 ou 9 ans. Il parle anglais couramment, et transporte un panier de livres plus lourd que lui sûrement. C’est aussi l’un des gamins les plus doués parmi les jeunes recrues du club. Et son enthousiasme suite à ma proposition m’a vraiment fait chaud au cœur. Probablement qu’il était aussi content d’aller voir de la boxe que de lâcher le trottoir pendant quelques heures. Bien entendu, je suis allée voir sa maman, je lui ai expliquée, et elle a accepté sans trop de difficulté de laisser son plus petit gamin partir avec une inconnue…C’est assez dérangeant finalement de se rendre compte qu’elle laisserait ses enfants probablement partir avec n’importe qui…Enfin, celui-la, il savait qui j’étais et où je l’emmenais.
Alors nous voilà partis, lui me tirant par la main pour monter dans un tuk-tuk direction la salle des sports où ont lieu les combats. On est d’ailleurs partis tellement vite après que sa mère ait accepté qu’il en a oublié ses chaussures ! L’expression « va-nu-pieds » est toujours au cœur de l’actualité ici…Mais eux, au moins, quand ils s’entraînent sur du ciment, ils n’attrapent pas des ampoules comme les miennes !
Bref, surexcité le gamin, je lui ai quand même fait promettre de ne pas me lâcher d’une semelle lorsqu’on serait sur place. J’avais quand même une certaine responsabilité, et même si le gamin est ultra débrouillard, je me voyais mal dire le soir à sa mère que je l’avais perdu.
J’ai également profité du fait que je l’avais sous la main pour désinfecter, nettoyer et panser deux grosses blessures sur le point de s’infecter qu’il s’est faites en tombant de vélo… « Compresses » et « Bétadine » ne sont jamais bien loin…
Et alors là, j’ai passé une journée géniale ! et le gamin aussi ! Il était trop fier de voir les « Grands » de son club, d’être assis à côté d’eux, d’observer autant que moi tout ce qu’il se passe autour des combats. Et en plus il m’a expliqué plein de trucs, faisait le traducteur pour les autres etc. Et puis on a mangé des sandwichs, des petits gâteaux etc.
Bref, je crois que le temps de quelques heures, ce gamin a vraiment eu une vie de gamin…Insouciance, rires, joie…
Alors après l’avoir ramené à sa mère, le soir, je me suis demandée malgré tout si ça avait été une bonne idée…Lui montrer que ça existe, alors qu’il ne pourra peut-être pas revivre un moment pareil de sitôt…ou alors lui avoir permis de se fabriquer de beaux et joyeux souvenirs qui l’aideront peut-être à trouver la volonté de se sortir de cette situation quasi-misérable dans laquelle il risque de vivre tout ta sa vie…Tout est discutable, j’ai juste agi de façon purement instinctive, et il est probable qu’une fois que j’aurai quitté le pays, je n’aurai plus jamais de nouvelle de ce gamin, mais peu importe. J’ai envie de penser que peut-être ça aura un effet bénéfique sur lui, combiné avec l’éducation que tente de leur apporter Paddy et les entraîneurs du club.
La boxe peut vraiment être, pour lui, un moyen de s’en sortir. S’investir dans ce sport plutôt que dans le trafic de drogues ou la prostitution, comme c’est le cas pour la majorité des gamins des rues, cela ne peut être que bien pour lui, et pour les autres. Espérons que tous ces efforts combinés payent un jour, et que ces enfants apprennent à se respecter eux-mêmes, avant tout…car c’est sûrement là que se trouve la clé du problème.
Ah, et ce matin, je suis allée avec Kim San dans un coin de la ville un peu tranquille, et il m’a appris à conduire son scooter. Leurs deux-roues ici fonctionnent différemment des nôtres… pas de frein à la poignée gauche, mais un à droite et un au pied…les changements de vitesses « talon-pointe » etc. Je m’en suis pas mal sortie, figurez-vous…
ma petite fille, bonne et belle journée décrite avec bonheur, c'est bien, et je pense que le souvenir de cette journée sera pour cet enfant qq chose de merveilleux, pour sa vie durant. Je suis contente que tt se passe toujours bien pour toi,alors bonne continuation et de gros gros bisous
ReplyDeleteJe pense comme mamibloo, effectivement ça ne peut lui faire que du bien. De s'échapper un peu de son quotidien et d'avoir une vraie vie d'enfant, même pendant peu de temps. C'est bien, ce que tu as fait.
ReplyDeleteBIZ :) :)