Laos: Luang Prabang - Vientiane "Gloups"

Vientiane,

Samedi 3 novembre 2007

Aujourd'hui, journée-bus! Luang Prabang - Vientiane via Vang Vieng...Départ de LP ce matin en bus local, bien sûr, à 6H30, après avoir chargé les quelques passagers et surtout les dizaines de sacs de riz de 50KG, qui sont stockés dans l'allée du bus. C'est plus un transport de marchandises que de passagers, pour le coup!
11h de trajet dans des paysages de montagne toujours aussi beaux, dans la brume, et le froid, car oui, ce matin, je me suis caillée sévère!Des pitons rocheux, façon baie d'Halong, découpent l'horizon.
La route, toujours aussi tortueuse, les contourne, et on en découvre toujours d'autres à la sortie d'un virage.
Jungle, montagne, brouillard...C'est "Gorilles dans la brume", presque!

Dans le froid matin, au détour d'un virage, pause-pipi pour les garçons...Et c'est là que je le vois...Un canon! Et je ne parle pas au figuré, il ne s'agit pas d'un très beau Laotien...Non non, un canon, un vrai, un canon de mitraillette...Il dépasse de quelques centimètres du blouson du passager qui est assis devant moi, et qui s'est levé pour sortir du véhicule. *Gloups*!

Et je me rends compte que la crosse de son arme fait une petite bosse dans son dos...Il n'y a pas de doute, même si je ne suis pas spécialiste, je pense qu'il s'agit d'une vraie mitraillette. Son propriétaire: un jeune Laotien, une vingtaine d'années, une gueule d'ange, habillé comme le plus occidental des Parisiens, avec son jean et ses baskets turquoise! Et là, mon cerveau se met en route en vitesse maximum...Pourquoi il y a-t-il un jeune homme armé dans ce bus, au demeurant banal transport d'autochtones entre les deux villes principales du Laos?
Je cogite, je cogite, je cherche, j'élabore des théories, parce que ce n'est quand même pas anodin, comme détail! Le truc, c'est que personne ne semble avoir remarqué, ou bien tout le monde ignore la chose, ou en tous cas, ne laisse rien paraître.Ce garçon est monté dans le bus au même moment que les sacs de riz, qu'il a aidé à charger.
Dès que le bus ralentit, il est aux aguets, il regarde devant, derrière, sort la tête par la fenêtre...Sur les sacs de riz, c'est écrit en vietnamien...

Mais je n'ai jamais vu de sacs de riz qui avaient besoin d'une garde rapprochée armée jusqu'aux dents!Alors voilà ma théorie: il n'y avait peut-être pas que du riz, dans ces sacs...Et dans ce coin d'Asie, il y a autre chose qui circule énormément, et qui représente des sommes d'argent importante: la drogue...Opium, cocaïne, mais surtout héroïne...Le taux d'héroïnames au Laos est très important, malgré les campagnes anti-drogues qui se mettent doucement et difficilement en place...

Pour quelle autre raison il y aurait-il un homme armé pour accompagner ses sacs?Je peux vous assurer en tous cas, que mon coeur a battu un peu plus vite que d'habitude à la vue de cette arme, de son porteur, du cartouchier (ça s'appelle comme ça?) qu'il avait dans la poche arrière et du petit *clic* lorsqu'il a enclenché la sécurité en montant dans le bus, après la pause-déjeuner. Pendant tout le trajet, l'arme était à 30cm de moi, calée entre le siège et la paroi du bus, canon vers le bas, et crosse dans ma direction...J'aurais vraiment voulu lui poser la question, lui demander pourquoi, et comment...mais je pense qu'il était plus sage d'éviter les questions. Il n'avait pas l'air d'humeur, le pauvre...Ce qui me trouble le plus, c'est son visage si doux, son air tellement paisible, son look passe-partout, voire au-dessus de la moyenne. Un mignon petit gars, quoi! Pas un tireur d'élite, ou un convoyeur de drogue...

Je n'étais plus Nicolas Hulotte, mais Cortisone Maltese!

Ah, c'est ça de voyager avec les locaux!! Mais je me suis quand même demandé si à un moment, c'est pas nous qui allions passer à la casserole!C'était une sorte d'avant-goût de mon périple en Amérique du Sud...Ah, ça promet!