Buenos Aires, Argentine
vendredi 25 avril 2008 – 2.00 am
Des classes de tango, plusieurs niveaux, des dizaines de couples réunis dans une même salle, un bazar monstre ! Ca tourne, ça virevolte, ça lève la jambe (souvent la mauvaise), et ça se cogne, ça se marche sur les pieds, ça se gêne, mais ça recommence, inlassablement !
Et puis ça a l’air d’être une façon plus ludique et sportive que www.meetic.com pour faire des rencontres. J’en ai repéré un, du genre bellâtre, tout habillé de noir, qui tenait sa partenaire, une très très jolie et gracieuse Argentine, de très près…Trop, sûrement, à en juger par l’air ennuyé de la demoiselle, et la distance qu’elle essayait d’imposer entre elle et son tangueur argentin, collant comme un caramel trop mou.
Elle ne montrait vraiment aucun enthousiasme et a d’ailleurs fini par lui échapper et est allée s’asseoir un peu plus loin.
Après les cours (qui font déjà passer un bon moment, quand on observe quelques-uns de ces amateurs studieux mais pas nécessairement doués), tout le monde change d’endroit et il est l’heure (minuit donc) de mettre en pratique ces longues et fastidieuses séances d’apprentissage.
C’est la VIRUTA. D’ailleurs, il faut prononcer « Bilouta ». J’ai même cru jusqu’à ce que je vois le mot écrit, que la vague ch’ti avait déferlé jusqu’à Buenos Aires.
Bref, imaginez, un sous-sol obscur, quelques spots de couleur, une piste de danse de bonne taille, des tables et chaises réparties tout autour, et sur la scène, un orchestre.
Un genre « thé dansant » mais qui commence plutôt vers 1h du matin, et où l’on pratique uniquement le tango.
Ah, d’ailleurs revoilà le bellâtre de tout à l’heure, à la recherche de sa prochaine proie. Il est à l’affût, il observe les demoiselles déjà en piste et jette son dévolu sur celle qui lui semble être à la hauteur de son « talent » et qui sera à son bras l’accessoire idéal, comme une belle paire de boutons de manchettes : discrètes mais qui savent mettre en valeur la chemise et qui font briller en société.
Il faut avouer que cela donne envie, c’est beau lorsque c’est bien dansé, le tango argentin, et parmi les amateurs de tout à l’heure, certains se débrouillent vraiment bien.
Pour ma part, je reste assise au bord de la piste de danse, façon « Tapisserie – Je peux pas, je garde le sac de ma copine ». Bon, je suis là toute seule, mais comme on m’a demandé à plusieurs reprises d’accorder une danse et que je serais bien incapable de faire autre chose que de me ridiculiser, j’ai refusé, et c’est bien dommage.
Les choses sérieuses commencent lorsque l’orchestre de Luis Miglioni monte sur scène. Il se compose d’un chanteur jeune mais à la voix puissante, d’un pianiste, deux violons, un contrebassiste et deux bandonéons.
Les évènements prennent une tournure plus sérieuse, chaque couple est concentré ; souvent les yeux sont fermés, les mains un peu crispées mais les bouches sont ouvertes car ils mâchouillent presque tous un chewing-gum. Ça casse le glamour !
Ils ont tous l’air de prendre vachement de plaisir en tous cas, et j’en prends tout autant en les regardant. C’est un vrai vrai bon moment !
Les danseurs, ces amateurs plus ou moins éclairés, sont de tous âges et de tous styles. Très souvent les femmes, perchées sur leurs hauts talons, dépassent d’une tête au moins leurs partenaires masculins que ça n’empêche absolument pas de mener la danse d’une main ferme.
Et puis des blonds avec des brunes, des jeunes et des vieux, des pères et leurs filles, tous réunis pour l’amour de cette tradition, née dans le quartier de la Boca, à Buenos Aires.
Perpétuer les traditions est parfois difficile, mais celle du tango semble être décidément loin de disparaître et tant mieux !
Puissent des générations d’Argentins faire vibrer encore des centaines de voyageurs européens qui n’y connaissent presque rien.
Du vrai tango, en live, envoûtante et sensuelle musique qui me transporterait direct dans les quartiers populaires de Buenos Aires, si je n’y étais pas déjà…Vivre le tango en Argentine, quel bonheur !
Les mélodies sont chaudes, torrides mêmes, mais aussi agressives et passionnelles…
Je vous le dis, j’ai déjà la rose dans la bouche et suis pas loin de m’accrocher au bras du premier bel Argentin qui passerait un peu trop près de moi.
Retenez-moi ou je ne réponds plus de rien !
Bon sang, cette musique donnerait même envie à une brosse à chiottes de danser le tango !