Varanasi,
mardi 28 août 2007
Mes dernières heures à Bénarès...La perpétuelle fatalité de mon voyage me rattrape encore une fois, et fait encore plus mal que la fois d'avant. J'ai passé ma dernière soirée avec Mark et sa famille, sur les bords du Ganges, Mangu d'un côté, Changu de l'autre et tous les autres gamins autour...
Et ce matin à 6h, j'étais là, à leur demande...C'est une atmosphère encore plus agréable, tôt le matin...Les gens se réveillent vers 5h ou 5h30 et dans les petites ruelles, je croise les hommes, un savon et une brosse à dents à la main, qui vont se laver dans le fleuve, comme des milliers de caravaniers français vont aux sanitaires...Comment ils arrivent à ressortir plus propres qu'en entrant dans le fleuve, lorsqu'on voit la couleur de l'eau, reste le plus grand mystère de cette ville mystérieuse...
J'ai bouclé mon sac, puis je suis allée amener quelques bouquins à Margaret, l'une des pensionnaires des Missionnaires de la Charité, anglo-indienne de 77 ans qui aime trop choses dans la vie: Dieu, lire tous les livres qui lui passent sous la main, et raconter toutes les anecdotes de sa vie... C'est un régal, surtout lorsqu'elle explique comment elle faisait régner la loi dans le collège où elle était surveillante il y a des dizaines d'années...Une bagarre entre deux élèves, et plutôt que de devoir trancher pour savoir lequel avait tort ou raison, elle leur prenait la tête à chacun et les tapait l'une contre l'autre! Pas de jaloux, et généralement, ça calmait les esprits échauffés rapidement... Un fort caractère, dans un petit corps d'1m50...Sacrée Margaret! Elle a bien apprécié mes bouquins en tous cas, et je suis ravie de pouvoir en faire profiter quelqu'un qui saura les apprécier.
Puis je suis allée dire au revoir aux Soeurs...Quand elles sont su que j'allais à Calcutta, elles m'ont demandé si je pouvais remettre quelque chose à la "Maison Mère"...Bien sûr, un courrier, pas de souci...Sauf que...J'ai vu arriver la Mère Supérieur avec un grand étui à guitare rose bonbon! Et la guitare dedans, bien sûr! "C'est pour l'orphelinat, on ne savait pas comment leur faire parvenir..."! Et ben pas de souci, Sister, je ne suis déjà pas chargée comme un âne, alors un truc de plus ou de moins...
L'une d'entre elles m'a offert une médaille de la Vierge aussi...la même que celle que je porte déjà mais plus grande...Avec ça, vraiment, il devrait rien m'arriver...Et puis elle m'a dit une dernière chose: "Lorsque tu auras fini ton tour du monde, rentre en France et rejoins les Missionnaires de la Charité"... Ah, ouais....Bon, ben je sais pas, mais j'ai un an pour y réfléchir....
En tous cas, pour une raison que je ne m'explique pas encore tout à fait, j'ai été submergée par une vague d'émotion en les quittant... Elles prieront pour moi, m'ont-elles dit...en insistant bien sur le courrier que je dois leur envoyer lorsque je deviendrai une Missionnaire moi aussi... Elles sont terribles, c'est incroyable! Ah oui, "et n'oublie pas de faire une donation aussi avant de partir"! Elles perdent pas le nord, hein!
Bref, me voilà, déambulant dans les rues étroites de Bénarès avec ma guitare rose sur le dos...Un petit coucou à Chris et à son dispensaire, les dernières heures je les passerai avec Mark et sa famille, qui m'attend pour déjeuner...
Les séparations sont toujours difficiles, celle-là sera probablement la plus dure de tout mon séjour indien... Mais il n'y a malheureusement pas grand-chose à faire à part garder tous ces souvenirs merveilleux au plus profond de mon coeur!
C'est promis...je reviendrai vite à Bénarès!
Bon sang, Lau, je lis ça du matin, et ça m'émeut carrément tu sais.
ReplyDeleteSoeur Lau priez pour moi pauvre pecheur de tanches!
ReplyDeletecomme quoi donner un peu c'est souvent recevoir beaucoup.
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