12.10.07

Cambodge: Excursion a Kampong Cham

Phnom Penh,
vendredi 12 octobre 2007



Et bien oui ! je suis toujours au Cambodge alors que j’avais décidé en accord avec moi-même de partir pour le Vietnam le 9. 3 jours après la date soi-disant prévue, j’ai pas bougé d’un pouce. Enfin, presque…En fait, si je suis toujours au Cambodge, c’est parce que j’ai eu l’opportunité de bouger justement. Pas très longtemps, 2 jours, mais quand même, ça valait drôlement le coup.

Hier, jeudi, c’était Phom Ben day, qui correspond un peu à la Toussaint chez nous. C’est leur fête des Morts à eux. Mais si chez nous, Toussaint rime principalement avec « vacances scolaires », ici c’est vraiment l’occasion de réunir toute la famille, et d’aller à la pagode pour prier pour le salut des âmes de leurs chers disparus. Et qui dit « réunion de famille cambodgienne » dit « exode temporaire vers les provinces ». Tous ceux qui en ont la possibilité quittent la capitale pour rentrer passer les fêtes dans le village familial.

C’était donc également le cas de beaucoup de mes copains ici, dont Kim San, qui m’a proposé il y a quelques jours, de venir passer les fêtes avec lui dans sa famille. Ah, ben en voilà une expérience qui me tentait bien ! Sa province à lui, c’est Kampong Cham. C’est facile, à Phnom Penh, vous franchissez le pont, vous allez tout droit, vous traversez la province du Kandal, toujours tout droit, et vous arrivez en province de KG Cham. Arrivés à Skun, vous prenez à droite et son village à lui, Troeung, est à 15km de la ville de Kampong Cham, la capitale de la province du même nom.

Quand je parle d’exode temporaire, c’est exactement ce dont il est question. Imaginez le départ en vacances du 1er août, mais à la cambodgienne. C’est-à-dire des dizaines de milliers de minibus, avec 20 ou 30 personnes entassées à l’intérieur, plus une dizaine de personnes qui voyagent sur le toit, avec les vélos, des cartons et des paquets de toutes sortes, les valoches etc ! Car partir à la campagne, c’est sympa, mais il faut quand même amener son scooter ou son vélo pour se déplacer pendant ces quelques jours de vacances. Dans les voitures, il faut compter 5 personnes sur la banquette arrière, et au moins 4 devant. Et le top du top, ce sont ceux qui font le déplacement en scooter. Ce qui fut notre cas. Et encore, nous avions la chance de n’être que deux sur l’engin de Kim San, mais la plupart du temps, ce sont des familles entières, de 4 voire 5 personnes qui voyagent sur ces petits deux-roues. Les bébés sont enroulés dans une couverture, calés entre le père qui conduit et la mère qui tient également quelques sacs. S’il y a un enfant un peu plus âgé, il voyage entre les bras du père, dans le guidon. C’est vraiment extraordinaire de voir la quantité de choses et le nombre de personnes qui peuvent circuler de cette façon.
110km de PP à Troeung, et 110km de scooters et de minibus, qui se doublent, se re-doublent, se rabattent, etc. Faut pas avoir peur, ils gèrent pas mal à vrai dire. Le seul véritable inconvénient, c’est la pollution. Quand on suit des camions ou des bus pendant des kilomètres, dans la poussière et les gaz d’échappement, on investit rapidement dans un masque chirurgical. Et quand on voit l’état et la couleur de la chose à l’arrivée, on est bien contents d’avoir eu un minimum de protection. En plus, avec mon bandana sur les cheveux et mon masque sur le visage, je me suis trouvée un petit côté « Easy Rider / Horde Sauvage » plutôt sympathique. Ce n’était certes pas la Route 66, mais la Road 6, et pas une Harley-Davidson mais un scooter Suzuki Viva 110cc. Mais peu importe, car nous avons taillé la route de bien belle manière, maintenant un rythme d’enfer sur les 2 heures pile poil qu’a duré le trajet. Et puis il faut rajouter à tout ça les paysages ! Traverser la campagne cambodgienne, c’est rouler pendant des kilomètres le long des rizières, baignées de soleil. C’est aussi admirer l’architecture locale, les maisons sur pilotis atteignant parfois des hauteurs impressionnantes. C’est aussi traverser des villages, et leurs marchés multicolores, bien achalandés, installés sur le bord de la route. Kampong Cham, et Skun en particulier, sont connus pour leurs énormes araignées, un mets délicieux et raffiné a priori. Les femmes les vendent sur les marchés, entassées en pyramide sur d’énormes plateaux. La taille de ces bestioles est effrayante, et la seule chose que j’ai pu faire, c’est les prendre en photos. Pourtant, elles sont mortes, cuites etc. Mais je n’ai pas pu me résoudre à goûter. Une autre fois peut-être.

Nous sommes donc enfin arrivés à Troeung, village-route. Les maisons sont construites de part et d’autre de la route principale, qui mène au nord du pays. Le trafic y est important, et souvent source de revenus, pour les petits garages à deux-roues, le marché, les stations service etc.
Nous nous garons sous la maison de l’oncle de Kim San, où nous sommes accueillis par moult cousins, tantes, oncles, voisins, poulets, vaches etc. La tante de Kim San, une femme adorable, joviale, souriante nous prépare de quoi déjeuner et nous désaltérer après notre voyage. Avec l’aide de mon ami pour la traduction, je réponds à toutes les questions habituelles sur mon âge, mes frères et sœurs, mes parents, mon voyage…Ca surprend toujours, si ce n’est plus encore, dans ces lieux éloignés de la grande ville, où les femmes ne sont pas réellement indépendantes.
Après le repas, une petite sieste, et nous voilà repartis direction d’autres oncles et tantes, ainsi que la maman et la sœur de Kim San, qui habitent dans la ville de Kampong Cham. On mange, encore, on discute, on discute, mais il fait nuit, les éclairs illuminent le ciel, il est temps de rentrer. Les routes sont en mauvais état, il n’y pas de bande blanche au sol, pas de lumière, il est préférable d’éviter la pluie. Et nous arrivons juste avant qu’éclate un énorme orage. Un orage qui n’est pas là pour rigoler ! Et d’ailleurs, en parlant de rigolade, une bonne douche s’imposait, après toute cette poussière et cette moiteur, avant le dîner.
Les toilettes étant dans une cabane au fond du jardin, je me dis que pour la douche, ça doit êre du même genre. Faux ! La douche est sous la maison, certes, au bord de la route donc, et est matérialisée par 3 énormes jarres remplies d’eau de pluie. Si en Inde je pensais avoir tout vu avec la douche à la casserole chez Waseem à Bombay, là, c’était encore plus médiéval ! Et ceci dit, très convivial, puisque pendant que je suis en train de me laver, tant bien que mal, en équilibre sur une pierre pour garder les pieds hors de la boue, enroulée dans un krama (une sorte de paréo cambodgien, à carreaux rouges et blancs qu’ils utilisent autant comme couvre-chef que comme serviette ou torchon), et combattant la crise cardiaque à cause de la température de l’eau, les cousines, cousins, et voisins sont là, à discuter le bout de gras. Bah, au bout de 2 minutes, on en rigole. Se laver en famille, au bord de la nationale, éclairés par les phares des bus et des voitures qui passent, c’est plutôt comique en fin de compte. Ca a bien fait rire toute la famille de Kim San en tous cas.

A 21H, tout le monde au lit, après avoir allumé la télévision branchée sur une batterie de voiture, le temps des informations. Nous avons dormi sur une natte en paille, à même le sol en bois de la maison sur pilotis, protégés par une moustiquaire. Un peu rude, la nuit, surtout avec le bruit des voitures roulant à toute berzingue sur la route devant la maison, et à 4h du matin, les chants des moines diffusés par haut-parleur dans tous les environs. Ah, c’est aujourd’hui la fête des Morts. Et ça commence dès le lever du soleil. Il faut se rendre à la pagode et jeter du riz en faisant le tour du temple un certain nombre de fois. Très honnêtement, j’ai pas pu me lever. J’ai laissé Kim San et ses cousins y aller sans moi, en promettant que je me rattraperais lors des cérémonies de 10H.
Enfin, à 6h, tout le monde était debout, plus ou moins bien réveillés, vaquant joyeusement à ses occupations, et aux différents préparatifs culinaires. Un petit tour par la jarre d’eau froide, histoire de faire quelques ablutions, et hop, l’heure du petit-déjeuner. Au menu du petit-déjeuner local, des nouilles de riz cambodgiennes, avec une soupe, et un curry de porc avec des légumes… ! Ah ben ça surprend toujours un peu, mais enfin, on finit par s’y faire. Le repas ne se termine pas avant que je leur ai fait comprendre que je ne pouvais vraiment plus rien avaler, et nous nous préparons pour partir au temple. Jupes et sarongs pour les filles, pantalons et chemises pour les garçons. On a chacun un récipient rempli de riz et une cuillère, des bâtons d’encens, et roule ma poule ! direction la pagode où règne une agitation festive ! Il y a un monde fou, et les chants des moines sont presque hypnotisant.

Avec Kim San et ses cousins, je vais tout d’abord faire quelques prières autour de la doyenne de la famille, qui récitent quelques phrases dont j’ignore totalement le sens. Puis nous nous rendons dans un coin du terrain, un peu en friche, où se trouvent les deux tombes de ses grand-parents paternels. Là, nous allumons des dizaines de bâtons d’encens, pour protéger l’endroit, puis nous récitons encore des prières. On recommence un rituel un peu similaire autour d’un gros tas de sable sur lequel trône un petit Bouddha. Puis on monte dans la pagode, en tentant de nous frayer un chemin parmi les centaines de gens qui sortent et qui entrent. C’est là que nous vidons nos bols de riz dans de grands récipients posés devant les moines qui récitent les prières. Ce riz est destiné à les nourrir pendant quelques temps.

Bien évidemment, je suis la seule Occidentale du coin, et ça attire les regards, toujours bienveillants. Les moines aussi sont surpris, mais me sourient en continuant leurs litanies.
Une fois tous ces rituels accomplis, nous rentrons à la maison, pour manger, encore ! Dans la maison sur pilotis, il y a une cuisine, mais pas de gaz. Tout est cuit sur un feu, des braises, des cendres…Trop bon ! L’eau arrive grâce à un tuyau qui est raccordé au puits. Et tout semble plutôt bien fonctionner. Au dessert, les gâteaux traditionnels de Phom Ben Day : à base de banane et de riz, enroulés dans des feuilles de bananier. Ca tient au corps !
Encore une petite sieste, et vers 14H30, nous devons reprendre la route dans l’autre sens, et rentrer à Phnom Penh, avant la pluie. Et encore une fois, nous nous trouvons à faire la route en compagnie de dizaines d’autres scooters, roulant en meute, en bande, façon « mutu », et cette fois, avec l’iOod dans les oreilles, et Satriani qui chante « I believe….in my dreams »...

Chef, je te dédie ces longues heures de chevauchée musicale à travers le Cambodge.

3 comments:

  1. oooohh comme ça faisait lgtps que j'attendais ce récit épique!! j'avoue qu'il y en avait un peu marre de la boxe... je t'ai bien imaginée en train de prendre ta douche au bord de la route.. et je comprends que tu te soies dégonflée pour les araignées.. allez, je me précipite sur les photos

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  2. Comme j'aimerais être loin de ce monde qui joue de la trompette mais qui n'a pas la partition. Je suis fière de toi, qui trace ta route, ta vie, en absorbant rencontres, sourires, et sérénité.
    Tu me manques.
    Ton vieil ami.

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  3. effectivement tu ne devais pas rater ça, ton récit est superbement bien détaillé, c'est un vrai moment de bonheur que de le parcourir, j'espère que tout sera aussi enrichissant pour toi au fur et à mesure du déroulement de ton périple. Je t'embrasse trés fort,et te suis pas à pas

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