Cuba: Après les photos, les mots...

Santiago, Chili

mardi 26 août 2008

Voilà, une semaine exactement après mon retour de Cuba, je crois avoir digéré et être en mesure de faire un petit bilan sans prétention de mes 2 semaines à bourlinguer là-bas.

Tenter de se persuader, encore et toujours...(c) Lau

Lorsque je vais quelque part, j'ai bien sûr une vague idée de ce qui s'y trouve, généralement c'est ce qui me donne envie d'aller visiter un endroit, un pays...Mais je n'attends jamais vraiment rien en particulier, ça évite une déception quasi-inévitable.

Cuba était dans la liste des pays "incontournables" de Lau'dyssée. Fidèle (!!) à mon envie donc, j'y suis allée faire un tour d'horizon. Mon but était de connaître Cuba avant la disparition de Fidel, Raul et les autres...De tenter de comprendre de quoi il retournait pas là-bas, cette dictature communiste qui semble être un tel paradis touristique...

Alors voilà le deal: une semaine dans un resort de Varadero, "All Inclusive", les pieds dans l'eau turquoise et chaude de la Mer des Caraïbes à un prix défiant toute concurrence, avec une excursion en bus à la Havane...Pour être clair, CE N EST PAS CUBA!

Alors bon, je suis hardcore moi, je veux toujours savoir comment (sur)vivent les gens dans un pays, ce qu'ils pensent de leur pays, et j'ai depuis longtemps renoncé à partir avec une formule "tout compris" (bien que ce soit sûrement la meilleure façon de se reposer au soleil, et de façon souvent plus économique qu'on l'imagine)...
Alors voilà, le sac à dos, les transports en commun (il faut savoir qu'il y a des transports en commun interdits aux touristes, et d'autres interdits aux Cubains), et ce fut vadrouille et embrouille de la Havane à Trinidad, en passant par Matanzas, Varadero, Santa Clara, Santiago de Cuba et Siboney.

Première embrouille: tenter de comprendre le système des deux monnaies. Le Peso "CUC", convertible, celui qui est officiellement pour les touristes, et qui jusqu'à peu, valait 1US$. Comme les relations se sont encore un peu dégradées entre Gringolandia et l'île de Fidel, le dollar américain a été dévalué et il est maintenant recommandé aux touristes de venir avec des Euros.
L'autre Peso "Moneda Nacional" représente 1/24 de CuC, et normalement ne doit être utilisé que par les autochtones. Concrètement, cette monnaie ne vaut quasi-rien, sert à payer quelques fruits et légumes au maigre marché, le pain, et les pizzas vendues dans la rue...
Pour un routard, c'est le meilleur moyen de ne pas dépenser trop d'argent: se limiter à ce qu'on peut acheter en moneda nacional... Parce que tout ce qui se paye en CUC est cher et ultra-cher!

Deuxième embrouille: Comprendre que les Cubains qui souhaitent travailler avec les touristes, en particulier logement/repas, doivent payer un impôt supplémentaire à l'Etat, extrêmement élevé (ils sont payés en CUC), doivent justifier TOUS LES JOURS, du nombre de touristes qu'ils logent, ce qu'ils mangent, etc. Bref, une paperasse et un coût qui couperaient l'envie à n'importe qui de tenter de faire des affaires avec les touristes...

Et pour le reste: Continuer à faire croire au peuple cubain que tout ça, c'est pour son bien! En brandissant la tête du Ché en figure de proue pour légitimer des actions et exactions honteuses, mais gardées bien discrètes pour ne pas trop gêner les charters de touristes qui viennent alimenter les caisses du parti (unique, bien sûr)...

A côté de ça, le pays est magnique, un joyau des Caraïbes... Des forêts vierges, des plages splendides longeant une mer chaude, transparente...enfin une fois qu'on a retiré les canettes, les bouteilles de rhum bon marché, les papiers gras et gobelets en plastique jetés ainsi partout sauf dans les poubelles par les Cubains, qui semblent en avoir tellement marre de cette manière de survivre, sans pouvoir dire quoi que ce soit sous peine de se retrouver, au mieux, en prison, qu'ils font preuve d'un jemenfoutisme à toute épreuve, genre "si le pays ne nous respecte pas, pourquoi on le respecterait?"...

C'est dommage, même triste...Mais j'ai passé la semaine à mon retour à faire quelques recherches, pour tenter de comprendre...
J'ai un peu mieux compris comment Fidel est arrivé là où il est, pourquoi le Ché est devenu une figure emblématique, et pourquoi le pays est ainsi dans une telle merde noire...

L'autre pays dans lequel j'ai ressenti quelque chose de similaire, en ce qui concerne l'agressivité des locaux envers les touristes, et cette façon absolument pas dissimulée de se faire prendre pour des cons et des porte-monnaie ambulants, c'est au Vietnam...
Quelques points communs, dont un passé tourmenté, violent, marqué par des relations agitées avec les Etats-Unis...Culte de la personnalité, communisme...Cuba n'est pas au niveau du Vietnam, mais que va-t-il se passer au moment de la disparition du Leader Maximo? Sur quelle route va s'engager Cuba? Peut-on espérer un mieux? un mieux rapide? un apaisement, une plus grande liberté? La libération de la trentaine de journalistes cubains emprisonnés pour avoir tenté de parler, d'expliquer, de témoigner?


Alors bon, voilà, pas vraiment une analyse, mais quelques idées, sans aucun fondement géo-politique, mais simplement conclusion suite à des situations vécues, souvent tellement absurdes que la frustration et la colère brouillent un peu la vision objective que je pourrais avoir... Paradoxes, sentiments partagés, mais au final très contente d'avoir eu l'occasion de connaître Cuba, de savoir de quoi il retourne, de pouvoir me faire ma propre idée...

Alors si vous vous apprêtez à partir là-bas en vacances "all inclusive", profitez en bien, mais si vous faites preuve d'un peu de curiosité, tentez de sortir de votre resort 5*, louez un véhicule et allez voir comment on vit dans les campagnes, ou dans les villes... Ouvrez les yeux sur la vérité de ce merveilleux pays...

Cuba, prison dorée? (c) Lau